Après Brassaï en début de semaine, aujourd’hui Germaine Krull. C’est l’une des photographes les plus connues de l’histoire de la photographie par sa participation aux avants-gardes des années 1920-1940. Cette femme photographe à la vie trépidante, politiquement à gauche, engagée, grande voyageuse avait fait le choix d’une photographie ancrée dans le réel à l’opposé d’une vision esthétique, artistique ou surréaliste. Elle s’intéresse aux grandes villes et de manière générale à la modernité, à l’automobile et à la vitesses, aux femmes, au nu, aux mains et à la fin de sa vie au patrimoine bouddhiste.
Germaine Krull (1897-1985), née en Prusse à Wilda, un quartier de Poznan aujourd’hui devenue terre polonaise dans une famille allemande aisée, elle voyage très jeune en Europe, Italie, France, Suisse, Autriche-Hongrie. En 1916, elle étudie la photographie au Centre d’enseignement et d’expérimentation en photographie, chimigraphie, phototypie et gravure à Munich. Elle se mêle à la bohème munichoise et s’implique dans les luttes révolutionnaires spartakistes de l’époque. Arrêtée et condamnée à mort, elle échappe à l’exécution et s’enfuit à Berlin. Dans cette ville, elle ouvre un atelier de portraits à proximité du Ku’damm. Elle poursuit ses activités politiques, fréquente les dadaïste et les expressionnistes berlinois. Elle rencontre le cinéaste Joris Ivens avec qui elle s’installe aux Pays-Bas. En 1926, elle arrive à Paris. Elle fréquente les surréalistes et collabore dès sa création en 1928 au magazine VU de Lucien Vogel dans les colonnes duquel on retrouve aussi les photos de Brassaï, Cartier-Bresson…Elle y réalise de nombreux reportages à dominante sociale (fêtes foraines, marchés aux puces, bars, bals….)
Germaine Krull travaille constamment en vue de la publication de ses photographies. Outre VU, ses photos paraissent dans d’autres magazines comme Jazz, Variétés, Paris-Magazine, Art et Médecine, Voilà…Elle publie des livres photographiques ou portfolios dont elle est l’unique éditeur : Metal (1928), 100 x Paris (1929), Etudes de nu (1930), Le Valois (1930), La Route Paris-Biarritz (1931), Marseille (1935) et le premier roman-photo avec Simenon, La Folie d’Itteville (1931). Ses photos illustrent aussi de nombreux autres livres sur Paris (Paris, 1928; Visages de Paris, 1930; Paris under 4 Arstider, 1930, La Route de Paris Méditerranée, 1931, avec pour ce denier ouvrage un texte de Paul Morand.
En 1935, elle s’installe à Monaco et travaille jusqu’en 1940 pour le Casino, photographiant des célébrités. Elle quitte la France pour les Etats Unis en 1940, part à Rio de Janeiro en 1941, puis rejoint Brazzaville où elle dirige le service de propagande photographique de la France Libre.
Par la suite, elle accompagne les Alliés lors du débarquement en Provence en août 1944 puis la 1ère armée française jusqu’à la fin de la guerre. Lors de la campagne d’Alsace, elle participe à la libération du camp de concentration du Struthof. Ses photographies paraissent dans l’ouvrage, La bataille d’Alsace, avec un texte de Roger Vailland. En 1946, elle part en Indochine comme correspondante de guerre, puis continue son travail de reporter en photographiant le patrimoine religieux de Thaïlande et de Birmanie. En 1947, elle reprend l’hôtel Oriental de Bangkok dont elle devient la première directrice. Après avoir vécu en Inde dans un Ashram, elle rentre en Allemagne en 1955.
Vous pouvez retrouver la vie aventureuse et artistique de Germaine Krull dans son autobiographie : La vie mène la danse, autobiographie établie par Françoise Denoyelle. Edition Textuel, 2015.
Fascinée par Paris comme nombre de ses contemporains photographes, Germaine Krull propose dans 100 x Paris, une vision inédite de la capitale des années 30. Son regard se pose à la fois sur le quotidien de la ville et de ses habitants. Son oeil particulier donne une vision moderne de lieux familiers, la Tour Eiffel de nuit, l’intérieur des grands magasins, les carrefours de la ville où se mêlent les automobilistes et les passants, les bouquinistes sur les quais de Seine, les Halles…
Ces 100 planches réalisées à l’aide d’un appareil petit format apportent un nouveau regard sur Paris, celui de la modernité à laquelle Germaine Krull confère une originalité mystérieuse.
Cocteau dans sa lettre à Germaine Krull publiée dans le Courrier Littéraire, avril-juin 1920, lui exprime toute son admiration : » N’est ce pas votre méthode ? Vous êtes un un miroir reformant. Vous et la chambre noire obtenez un monde neuf, un monde qui a traversé des mécanismes et une âme. Cet individualisme de l’appareil offre un danger il est certain…Il existe peu d’artistes nés sous le signe de la chambre noire, sous l’arc-en-ciel de la lentille, sous l’étoile de l’objectif. Vous êtes de cette petite troupe dont Man Ray ouvrait jadis la marche… » Pour Cocteau elle avait l’oeil pour capter le monde autour d’elle, et le comprendre de cette manière si sensible.
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KRULL (Germaine). 100 x Paris. Berlin, Verlag der Reihe, 1929. Un volume in-8 (25,5 cm x 18 cm), XXXI pp.
Préface de Florent Fels
100 photographies de Germaine Krull imprimé en héliogravure en ton sépia.
Election originale trilingue.
Cartonnage bradel, 1/2 toile jaune. Trace d’insolation sur le premier plat.
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