Aujourd’hui trois ouvrages nous révèlent l’envers du décor des salles des ventes et de certaines transactions entre libraires. La plume des auteurs force sans doute le trait mais ceux qui ignorent les pratiques de ces milieux souhaiteront s’en détourner faute d’en maîtriser les règles secrètes. Pour les rassurer, il est utile de rappeler qu’internet a bouleversé le fonctionnement du marché de l’art. Le monde clos croqué par les auteurs a dû affronter une ouverture offerte par ces nouveaux outils rendant les combines passées souvent inefficaces…mais pas toujours! Alors il est utile de découvrir ces univers pour sourire des pratiques anciennes et échapper à d’éventuelles survivances…
Commençons par l’ouvrage d’Henri Rochefort (1831-1913) qui fut journaliste, auteur de théâtre, homme politique. Polémiste dans les pages de ses journaux, La Lanterne, La Marseillaise, L’Intransigeant, il défend des options politiques radicales voire extrémistes. Il fut tour à tour anticlérical, nationaliste, favorable à la Commune, boulangiste, socialiste et anti-dreyfusard. Polémiste invétéré et de grand talent, il défend ses positions à coup de duels et de procès. Sa plume est redoutable et redoutée.
Son livre « les petits mystères de la salle des ventes » développe le discours ironique des physiologies en vogue à l’époque et son stéréotype du collectionneur maniaque mais en faisant évoluer le genre vers celui des chroniques de l’hôtel des ventes qui donne sur le ton de la satire, une information qui n’est plus destinée aux seuls spécialistes. Ainsi Henri Rochefort croque les personnages de ce 
théâtre, leurs pratiques et leurs bévues : le commissaire priseur, l’expert, les amateurs, les amateurs-spéculateurs, le maquilleur (de tableau), le nettoyeur (de tableau), le salisseur (de tableau), l’éreinteur (qui dénigre la marchandise), le marchand, le brocanteur, le crieur, les commissionnaires, les différentes ventes : sur place, après décès, par autorité de justice, composées et puis les abus, les industries coupables pratiquées 
par : le monographiste pour signer les tableaux, le cacheteur, les manipulations : le trucage (faussaire), la révision à bénéfice, les lieux de vente : l’hôtel Drouot et ses succursales, le Mont de piété, la maison Silvestre (livres), les ventes de Bercy (vins)…Rochefort termine son ouvrage par un historique des ventes aux enchères en France depuis le 16e siècle.
A l’aube du 20e siècle, c’est une véritable observation sociologique de Drouot que nous propose René Benjamin dans » L’hôtel des ventes ». Il nous fait découvrir les acteurs de ces scènes de théâtre que sont souvent les initiés et les badauds emportés par le feu des enchères. Les marchandises diverses, prestigieuses ou misérables, attirent un public varié que se plait à décrire l’auteur. Les charmants dessins de Jean Lefort rendent cette chronique particulièrement vivante.
Les pratiques des libraires peuvent sembler mystérieuses aux non initiés. Elles sont dévoilées dans les subtilités de la librairie parisienne. Cet ouvrage évoque un Procès devant une chambre du Tribunal correctionnel de la Seine pour escroquerie entre deux librairies Natsuor contre Sapor. Il est question de sous estimation éhontée d’ouvrages rares et de pratique de révise par la bande noire. Derrière les pseudonymes de Natsuor et de Sapor se cachent les libraires Roustan et Savy.
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ROCHEFORT (Henri). Les petits mystères de la salle des ventes. Paris, Dentu, sd (1862). Un volume in-12 (19 cm x 12 cm), 295 pp.
Couverture illustrée.
1/2 veau d’époque, dos décoré de filets dorés, pièce de titre. Une légère tache au dos.
Vendu.
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Les Subtilités de la Librairie parisienne. La Bande Noire et la révision. Question de probité commerciale entre un Libraire de Paris et un Libraire de la Province. Versailles, Roustan, 1864-1865. Un volume in-8 (23 cm x 15 cm), VIII (Introduction)-288-24 (Sophronius quatrième et dernière lettre Résumé des débats) pp.
Reliure toilée contemporaine. Pièce de titre. Tête dorée.
L’ouvrage comprend : Introduction (Discours préparé par Natsuor, Préface, Extrait de quelques dispositions pénales Procès entre deux librairies Natsuor contre Sapor, Déclaration de guerre à la bande noire, La bande noire et la révision et quelques autres abus, Sophronius quatrième et dernière lettre résumé des débats.
Il s’agit de l’édition originale tirée à 125 exemplaires sur les pratiques de la librairie parisienne.
Vendu.
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BENJAMIN (René). Paris, sa faune et ses moeurs. L’Hôtel des Ventes. Paris, Georges Oudin, 1914. Un volume in-4 (23,5 cm x 18 cm),129 pp.
Illustré par Jean Lefort de nombreux dessins gravés sur bois dans le texte et 6 planches hors-texte sur papier couché sous serpente. Couverture illustrée.
Exemplaire numéroté.
Broché. Quelques accidents sans gravité à la couverture. Bon état intérieur.
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