Valéry Larbaud (1881-1957), écrivain, poète, romancier, essayiste, traducteur. Il obtient sa licence ès-lettre en 1908. Héritier d’une famille fortunée (son père était propriétaire de la source Vichy Saint-Yorre), il parcourt l’Europe à partir de 1898. Il mène la vie aisée des rentiers de son époque. Ses premières oeuvres, Poèmes par un riche amateur, Oeuvres françaises de M.Barnabooth sont d’ailleurs empreintes de ces voyages. Il publie son premier roman , Fermina Marquez qui obtient quelques voix au Goncourt en 1911. Polyglotte, il fait connaître les grandes oeuvres étrangères dont il assure la traduction notamment Ulysse de James Joyce dont il il supervise la correction de la traduction. Il est proche de Charles-Louis Philippe, d’André Gide et de Léon Paul Fargue qu’il reçoit à Vichy. Atteint d’hémiplégie dès la fin de 1935, il passe le restant de sa vie immobilisé. Ruiné, il cède à la ville de Vichy sa bibliothèque de 15.000 volumes que l’on peut visiter à Vichy au musée Valéry Larbaud.
Larbaud a beaucoup voyagé en Europe mais son point d’ancrage littéraire restait Paris. Dans deux plaquettes à la typographie raffinée, Paris de France et Rues et visages de Paris, il nous offre des déambulations parisiennes.
Dans Paris de France, Larbaud voit après la première guerre mondiale, la » Ville de Paris sortir des ténèbres et reprendre sa belle allure de Capitale du Continent. Mais cette remise en marche n’eut rien de mécanique. Nous sentîmes, à ce moment-là, que Paris se repliait sur lui-même et, comme Ulysse, méditait, cherchant et puisant des forces et de l’espoir dans son cher coeur… »
Grand voyageur, Il disserte sur les parisiens qu’il rêverait de croiser : » De nouveau nous tâchons de nous approcher, autant que des hommes de chair le peuvent, du Parisien idéal que nous rêvions d’être quand nous avions vingt ans; le Parisien athénien, le Parisien européen, et en même temps Parisien de Paris de France… » pour imaginer qu’il appartient tout à la fois aux villes européennes et constater « qu’elles sont toutes situées dans le même pays et ne forment avec Paris qu’une seule ville dont Paris est le centre…un Paris augmenté de dix autres grandes villes où nous avons cherché, comme ici, le bonheur, et l’amitié, et l’amour, et la solitude, et nous mêmes…. »
Dans Rues et Visages de Paris Larbaud s’attarde sur la typologie des parisiens et leurs habitudes selon leur place dans la société et leur lieu de résidence. « Londres s’est un peu continentalisée et Paris n’est plus la ville que décrivait, en 1899, un Anglais habitué aux foules de Londres : provinciale et timidement cosmopolite. A cette époque, des gens avaient encore l’air parisien : on les reconnaissait à l’étranger et ils avaient, dans Londres, un aspect exotique. Ils prolongeaient la tradition du beau Parisien du Second Empire, du boulevardier…l’homme à barbiche et à moustaches noires, en chapeau haut de forme, et qui gesticule beaucoup; c’est l’image du Français légendaire, tel qu’il survit dans la mémoire des peuples anglo-saxons; c’est tout ce qui reste du Parisien d’autrefois. Espèce éteinte. Leur ville était devenue trop grande pour eux. La foule moderne marchait trop vite pour leur permettre de continuer leurs lentes promenades sur ce qu’ils appelaient les Grands Boulevards; elle n’avait pas le temps de les regarder; on ne les reconnaissait plus… »
Larbaud n’oublie pas les parisiennes : « Une vraie Parisienne autochtone; faubourienne mais plus souple que le faubourien; une nymphe sortie de la forêt populaire mais assez fine pour s’adapter à bien des circonstances que le mâle, lui n’accepterait pas. Ses mauvaises manières semblent empruntées : grattez la croûte de sauvagerie et vous trouverez la civilisée. C’est qu’elle respire la civilisation, et que sa sensibilité capte à son insu quelques-unes des ondes que répand, bien au-dessus d’elle, la vie intellectuelle, les faisceaux des cellules terminales adaptées à la vie hasardeuse du travail désintéressée, de la découverte, de l’invention des manières, de la trouvaille des styles, de l’élaboration de la morale… »
Et comme tout provincial de naissance, Larbaud se sent parisien » combien ma vie est profondément enracinée dans Paris, tellement liée à ce qu’il y a de plus durable et de plus quotidien dans Paris qu’elle reste indifférente aux changements passagers de la surface : plus parisienne que la mode de Paris « .
Cette édition est illustrée d’une eau-forte de Jean Donnay (1897-1992) artiste peintre et graveur belge. En 1910, il commence ses études à l’académie des beaux-arts de Liège. En 1931, il est nommé professeur de gravure à l’Académie Royale des beaux-Arts de Liège puis en devient le directeur en 1961. Il expose principalement en Belgique et à Paris.
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LARBAUD (Valery). Paris de France. Maestricht, Stols, 1926. Un volume in-8 (20 cm x 13,5 cm), 49 pp.
Titre et lettrines dessinées par Alphonse Stols. Armoiries de la Ville de Paris dessinées par J.van Krimpen. Une vignette et une lettrine gravées sur bois par J.Franken Pzn.
Un des 300 exemplaires sur vergé de hollande des manufactures de Pannekoek.
Broché sous couverture rempliée (tachée). Exemplaire non coupé.
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LARBAUD (Valery). Rues et visages de Paris. Liège, A la lampe d’Aladin, 1927. Une plaquette petit in-4 (23 cm x 17,5 cm), 33 pp.
Eau-forte de Jean Donnay.
Ex-dono.
Un des 1000 exemplaires numérotés sur vélin teinté.
Broché sous couverture rempliée.
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