Joseph Etienne dit Etienne de Jouy (1764-1846) fut successivement militaire à la vie aventureuse puis dramaturge et librettiste. Interrompant ses études à l’âge de 16 ans, il prend du service sous les ordres du gouverneur de la Guyanne, il rentre en France pour achever ses études et reprend rapidement du service comme sous-lieutenant aux Indes orientales (1787). Au moment de la Révolution, il rentre en France en 1790 et part avec le grade de capitaine pour l’armée du Nord. Il est nommé adjudant-général après la prise de Furnes. Refusant de porter un toast à Marat, il est arrêté et condamné à mort. Il s’évade, se réfugie en Suisse et rentre en France au 9 thermidor. Il reprend du service sous les ordres du général Menou et commande la place de Lille. Accusé d’intelligence avec l’ennemi, il est incarcéré quelque temps. Cet événement l’incite à quitter le service en 1797.
Après cette période militaire, il embrasse la carrière littéraire. Librettiste d’opéra (Guillaume Tell de Rossini, La vestale de Spontini…), auteur de tragédie, Sylla (1821), il est aussi journaliste, critique et chansonnier. Il publie dans la Gazette de France des satires de la vie parisienne qui seront rassemblées sous forme de volumes : L’Ermite de la Chaussée d’Antin, ou observations sur les moeurs et les usages français au commencement du XIXe siècle, qui fut suivi d’autres séries : Guillaume le franc-parleur, L’Ermite de la Guyane, puis l’Ermite de province, les Ermites en prison et les Ermites en liberté.
Il est élu à l’Académie française le 11 janvier 1815.
Sous la Restauration, il est un défenseur constant des libertés. Après la Révolution de 1830, il remplit un court moment les fonctions de maire de Paris puis fut nommé bibliothécaire du Louvre.
Antoine Jay (1770-1854). Homme de lettres, journaliste, historien et homme politique. Il commence par faire des études de droit à Toulouse et devient avocat. De 1795 à 1802, il voyage au Canada et aux Etats Unis où il rencontre Thomas Jefferson. De 1803à 1809, il est précepteur des fils de Fouché puis fonctionnaire au ministère de la Police. Après avoir soutenu la Révolution, être partisan de l’Empire, favorable à la déchéance de Napoléon après Waterloo, il est opposant à la Restauration et trouve son idéal politique dans la Révolution de Juillet. Il sera maire de Lagorce, conseiller général et député de la Gironde. Il collabore au Journal des Voyages et à l’Abeille et participe à la fondation du Constitutionnel et La Minerve française. Il publie Histoire du ministère du cardinal de Richelieu (1815) et des éloges de Corneille et de Montaigne parus dans son Tableau littéraire de la France pendant le XVIIIe siècle (1818). Il est aussi connu pour sa Conversation d’un romantique (1830) où il se présente comme Etienne Jouy, en tant qu’adversaire de ce courant.
Il est élu à l’Académie française en 1832.
L’Hermite de la Chaussée d’Antin est constitué de chroniques qui parurent les samedis dans la Gazette de France (17 août 1811-7 mars 1814).
L’Hermite est un vieillard inspiré par Voltaire, La Bruyère, Montaigne et aussi par des journalistes londoniens. Il se promène dans tous les quartiers de Paris et raconte chaque semaine ses observations à ses lecteurs de la Gazette de France. Il traite des différents lieux de la capitale, de ses habitants, de ses usages, de ses mondanités et de ses divertissements. Sous le masque de l’hermite, l’auteur découvre Paris et appréhende sa vie quotidienne. Il observe les faits et gestes des êtres dans leur milieu pour les décrire à ses lecteurs. Il se concentre soit sur un espace restreint pour restituer la vie grouillante de certains quartiers soit il capte sur le vif des situations prises au hasard de jour comme de nuit.
L’auteur imagine le flâneur de Paris qui transcrit le réel pour écrire une histoire des parisiens initiant les classifications des êtres quelques années avant l’apparition des premières physiologies.
En amont des grands romans de Paris du XIXe siècle, l’Hermite est une première lecture du monde parisien fondée sur l’étude des moeurs et des habitants de Paris.
En ce sens il va plus loin que Louis-Sébastien Mercier dans son Tableau de Paris en allant au delà de la présentation des quartiers et en mettant en scène les principaux personnages qui y vivent ou les fréquentent.
Le « filon » des Hermites trouvé, Etienne de Jouy parfois en compagnie d’Antoine Jay, décline le procédé dans de multiples environnements. La Guyane qu’Etienne de Jouy découvrit à l’adolescence ainsi que les prisons que les deux auteurs connurent pour des raisons politiques.
L’ensemble présenté donne un large et précieux aperçu sociologique de la société du début du XIXe siècle.
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DE JOUY. L’Hermite de la Chaussée-d’Antin ou Observations sur les moeurs et les usages parisiens au commencement du XIXe siècle. Paris, Pillet, 1813-1814. Cinq volumes in-12 (17,5 cm x 12 cm), XI-332-396-356-III-388-348 pp, suivi de Guillaume le Franc-Parleur, ou Observations sur les moeurs françaises au commencement du dix-neuvième siècle. Paris, Pillet, sd-1816. Deux volumes (17,5 cm x 12 cm), II-388-334. L’Hermite de la Guiane ou Observations sur les moeurs et les usages français au commencement du XIXe siècle. Paris, Pillet, imprimeur-libraire, 1816-1818. Trois volumes in-12 (17,5 cm x 10,5 cm), IV-364-396-345 pp.
L’Hermite de la Chaussée-d’Antin : I. Une gravure, II. Une gravure, III. Deux gravures, IV. Deux gravures et vignettes, V. Deux gravures et vignettes.
Guillaume le Franc-parleur : I. Deux gravures et vignettes, II. Deux gravures et vignettes, III. Deux gravures et vignettes.
L’Hermite de la Guiane : I. Deux gravures et vignettes, II. Deux gravures et vignettes, III. Deux gravures et vignettes.
Demi-veau décoré de l’époque, reliure uniforme pour les 10 volumes. Pièces de titre et de tomaison rouges, tranches jaunes. Quelques traces de mouillures éparses, 2 pages légèrement déchirées sans manque (Hermite de la Chaussée-d’Antin), petits défauts sans gravité aux reliures.
Bel ensemble dans une reliure homogène de cette chronique parisienne du début du XIXe siècle.
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JOUY (E.) et JAY (A.). Les Hermites en prison ou consolations de Sainte-Pélagie. Paris, Ladvocat, libraire-éditeur, 1823. Un volume in-8 (Deux parties en un volume) (19,5 cm x 13 cm), 238-267 pp.
Orné du portrait des Auteurs, de deux gravures et six vignettes (première partie), orné du portrait des auteurs, de deux gravures et six vignettes (deuxième partie).
1/2 reliure veau d’époque, dos lisse orné de palmettes dorées, filets dorés, pièces de titre, coins un peu usés, quelques rousseurs éparses.
Première édition.
Bon exemplaire.
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JOUY (E.) et JAY (A.). Les Hermites en liberté pour faire suite aux hermites en prison, et aux observations sur les moeurs et les usages français au commencement du XIXe siècle. Troisième édition. Paris, Ladvocat, 1824. Trois volumes in-12 (19 cm x 11 cm), 280-286-290 pp.
Ornés de deux gravures et de dix-huit vignettes.
Broché. Brochage fragile, rousseurs éparses.
Exemplaire complet dans son « jus » d’époque.
Intéressants exemplaires.
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