Paris qui crie. Petits métiers. Illustrations de Pierre VIDAL.

Il est des illustrateurs ou des sociétés d’amateurs que l’on croise régulièrement ce qui permet de découvrir la richesse bibliophilique française de la fin du XIXe et du début du XXe siècles.

C’est le cas avec Pierre Vidal fin dessinateur des scènes de genre parisienne dont nous avons déjà parlé dans : Paris qui consomme et Parisienne idylle d’Emile Goudeau,  Contes parisiens du second Empire de Henri Meilhac et  La vie à Montmartre de Georges Montorgueil. Notre ouvrage est aussi une des réussites de la société des Amis des livres que nous avons déjà évoqué dans Contes parisiens du second Empire de Henri Meilhac et dans Méandres. La Seine de Paris à Rouen de Henri Focillon.

vidal 4Alors aujourd’hui, nous poursuivons nos découvertes de l’oeuvre de Pierre Vidal, dans une réalisation particulièrement soignée des Amis des livres. Paris qui crie, nous plonge dans la vie bourdonnante du Paris populaire lorsque les rues accueillaient de multiples activités aujourd’hui disparues. Bien des auteurs se sont emparés de ce thème que nous avons déjà abordé avec Klingsor et Les Petits métiers des rues de Paris et Jean Richepin avec Les Petits Gagne-Pain Parisiens.

vidal 5vidal 6J’ignore si ce sont les textes ou les illustrations qui rendent ce livre particulièrement joyeux. Il émane de ces lignes et des couleurs choisies une gaieté douce et pleine de la vie de ces marchands ambulants qui animaient les rues de la capitale. Les auteurs rassemblés par Henri Béraldi nous plongent dans la vie grouillante du Paris populaire et nous présentent tour à tour : Le Petit noir : «  C’est au coin des ponts, à l’orée des faubourgs, sur les grands passages d’ouvriers que l’on trouve la pauvre vieille femme… », Le chevrier : « Ce chevrier n’a rien de commun avec celui du Val d’Andorre. Il ne vient pas de si loin… », Les chiffonniers : Pour faire un chiffonnier, dit un auteur ancien, il suffit d’une hotte, d’un crochet, d’une lanterne et d’un gueux… », Marchand d’habits : «  vidal 7vidal 8habits à vendre ! Ce cri est une antiphrase. Le marchand d’habit ne vend pas d’habits : Il en achète… », Le fontainier : «  Turlututu Turlututu, et la trompette du fontainier, au ton suraigu, vous entre de force sa chanson dans l’oreille.. », Marchande des quatre saisons : «  Des halles, dans  la brume obscure encore et froide du matin, s’élèvent ralenties les clameurs de la dernière criée… », Chanteur dans les cours : «  Le chanteur ambulant n’a plus rien du barde, ni du ménestrel…. », La poissarde : «  Approchez, ma petite dame, je vas bien vous arranger !… », Le rémouleur : «  Il vit encore le rémouleur, le gagne-petit ; toutes les machines, toutes les mécaniques n’ont pu lui arracher sa clientèle… », Journaux et canards : «  Ce n’est rien d’écrire ; le tout est d’être lu. Les journaux abondent… », Le vidal 9vidal 10commissionnaire : « L’honnêteté même que cet enfant des montagnes de l’Auvergne… », Donneur de coups de main : «  Sans profession, – tout comme le rentier ! Ne faisant rien il fait de tout… », Anneaux de sûreté : «  Cet homme chargé de chaînes, qui stationne à l’entrée du Pont-Neuf  en face du cadran flottant de la Samaritaine, n’est pas, croyez-le bien, un criminel échappé de la Conciergerie… », Tondeurs de chiens : «  Voilà peut-être le seul des petits métiers, où celui qui l’exerce ne dit rien et où c’est la clientèle qui crie, Petits chiens : «  les hommes qui font métier de plaire aux hommes adorent les bêtes… », Le marchand de billets : « Tout le monde connaît cette variété de l’insupportable tribu des camelots… », The distributer of prospectuses : Strolling one evening on the Boulevard, I felt a tickling vidal 11vidal 18in my pain… », Marchand de coco : «  Déjà le marchand de coco a presque disparu… », Limonade en plein vent : « Le marchand de coco, avec son étincelante fontaine de cuivre, sa clochette et ses gobelets… », Glaces à un sou :  » Rafraîchissez vous! Glaces et sorbets, cinq centimes,un sou le verre ! Rafraîchissez-vous !… », Joueur de Bonneteau : Le bonneteau est un petit métier d’importation anglaise… », Loueurs de chaises : «  Le génie du petit commerce parisien à tirer parti des événements est inépuisable… », Marchand de plâtres : «  Signore ! Monsiou ! achetez ma Vénous ! Et il vous offre, avec un détachement égal à celui des bras de son modèle, une réduction en plâtre odieusement bronzé de la Vénus de Milo… », Voilà pour les courses ! : « Jour de course ! Aujourd’hui, demain, tous les jours !…, Aux courses : «  Voyez la cote ! la cote ! la cote ! la belle cote ! Trois contre un je donne Ténébreuse !…, vidal 19vidal 23Marchande de plaisir : «  La marchande de plaisir n’éprouve jamais de plaisir… », Aboyeur de voitures : C’est le métier de ceux qui n’en ont pas et qui vivent des hasards de la rue… », Ramasseurs de bouts de cigares : «  C’est un type bien amusant que celui de gros garçon bouffi, à la peau huileuse, imaginé par Alphonse Daudet dans Jack… », La Bouquetière : «  Elle attend le soir à la porte du restaurant chaud de lumière, la petite fleuriste, elle attend le couple qui passe, l’amoureux qui va sortir… », Le café-concert : «  Pendant la nuit qui suivit la mi-carême, j’ai fait un rêve… ».

Et l’on referme le livre avec la nostalgie de ces temps envolés….

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vidal 1Paris qui crie. Petits métiers. Notices par Albert Arnal, Henry Spencer Ashbee, Jules Claretie, Abel Giraudeau, Henry Houssaye, Henri Meilhac, Victor Mercier, vidal 3vidal 2Eugène Paillet, Jean Paillet, Roger Portalis, Eugène Rodrigues. Préface par Henri Béraldi. Dessins de Pierre Vidal. Paris, Imprimé pour les Amis des livres par Georges Chamerot, 1890. Un volume in-8 (24 cm x 18,5 cm), XVI-124 pp.

1 frontispice, 1 vignette et 30 illustrations en couleurs de Pierre Vidal illustrant chacun des petits métiers décrits.

Un des 120 exemplaires numérotés sur vélin.

Pleine reliure toilée contemporaine. Couvertures illustrées conservées. A la fin de l’ouvrage se trouve la liste des sociétaires des amis des livres.

Bel exemplaire.

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