LACASSAGNE (Docteur Jean). L’argot du milieu. SIMONIN (Albert). Lettre ouverte aux voyous. Dominique KALIFA. Jean-Claude FARCY. Atlas du crime à Paris.

 

Poursuivons comme chaque jeudi le dialogue entre les livres neufs et les livres anciens aujourd’hui autour des bas-fonds parisiens.

atlas-du-crime-a-pa-562a10a559178Comment établir l’identité criminelle de Paris sur le long terme ? La ville fait-elle vraiment corps avec les larrons de la cour des miracles, avec les escarpes de la monarchie de juillet, avec les apaches de la Belle Epoque ou les caïds des années 1930 ? L’enquête débute au milieu du Moyen Age et s’achève aujourd’hui. Au crime s’ajoutent les agressions, les atteintes aux biens, les délits en général.

Ville ouvrière, Paris a longtemps été une fourmilière où le vol, l’altercation et la rixe étaient monnaie courante. Le départ des classes populaires vers les banlieues a fait surgir une autre géographie mais, tandis que la courbe des homicides est en constante décrue, voyous et criminels parisiens à l’ancienne sont devenus, par un étonnant retour des choses, des figures familières de l’imaginaire urbain.

Dominique Kalifa est professeur à la Sorbonne-Paris I et membre de l’Institut universitaire de France. Il a notamment publié les Bas-fonds. Histoire d’un imaginaire, au Seuil en 2103, et Biribi. Les bagnes coloniaux de l’armée française, chez Perrin en 2009.

Jean-Claude Farcy, historien de la justice des XIXe et XXe siècles, a été chargé de recherche au CNRS. Il est aujourd’hui membre du comité de rédaction de Criminocropus. Il a en particulier publié Histoire de la justice en France de 1789 à nos jours, à La Découverte en 2015.

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Nous avons déjà évoqué les voyous parisiens et le monde interlope des bas fonds, Rue Pigalle , La Saison au Bois de Boulogne et aussi la police de Paris, Histoire de l’administration de la police de Paris, ou Mémoires de Vidocq, aujourd’hui nous vous présentons deux ouvrages pour plonger dans cet univers qui continue de fasciner.

Ce monde étonnant car inconnu des citoyens qui respectent les lois, a ses codes et la langue en fait partie. C’est ce que présente le docteur J.Lacassagne dans son ouvrage l’argot du milieu. Francis Carco l’a préfacé. Il connaissait bien le monde des voyous parisiens et il l’a abondamment croqué dans ses différents ouvrages.

L’existence de cette langue particulière est très ancienne. Mais c’est à partir du XVe siècle que les documents linguistiques sont assez nombreux pour cerner le langage employé par les malfaiteurs de l’époque. C’est avec les Coquillards, bandits de grands chemins qui sévissent au XVe siècle que les expressions argotiques apparaissent dans les dossiers de leur procès. Villon a composé certaines de ses ballades en jargon coquillard. C’est surtout au XIXe siècle que s’épanouit une riche floraison argotique et que sont édités les premiers dictionnaires sur cette langue particulière voir notamment Dictionnaire de la langue verte par Alfred Delvau. Au XVe siècle, le mot argot était le vocable par lequel les malfaiteurs désignaient entre eux, non pas leur vocabulaire, mais leur corporation, la Cour des miracles. A la période contemporaine, chez les hommes et les femmes du milieu existe un argot, argot quasiment professionnel et phénomène commun à toute corporation : chaque métier a son argot. Puisque la langue française ne possède pas de vocable pour désigner des objets particuliers ou des actions habituelles à une catégorie sociale d’individus, des mots d’argots surgissent pour remédier à l’insuffisance de la langue.

lacassagne 3lacassagne 2Le docteur Lacassagne inventorie le vocabulaire du milieu. De A. Abatage, s.m. En argot des filles, faire l’abatage, signifie rechercher une clientèle nombreuses sans se soucier de la qualité. Maison d’abatage : maison de prostitution où l’on admet des clients de qualité inférieure, qui, par contre, n’ont pas le droit de se montrer exigeants. Dans les maisons closes situées dans les quartiers populaires, l’abattage se pratique surtout le samedi et le dimanche; c’est du travail en série. Avoir l’abattage sur quelqu’un : avoir l’avantage sur lui à Y. qui renvoie à Oeil, s.m. Anus (Cité par Delvau, 1867), Actuellement on dit plutôt Oeil de bronze.

L’ouvrage paraît en 1928, depuis la langue a encore évolué. Certains mots passent dans le langage courant, d’autres disparaissent mais ils reflètent toute l’atmosphère d’une époque que le cinéma en noir et blanc a rendu mythique.

Et en matière de cinéma, Albert Simonin (1905-1980) y a mis sa patte ! Journaliste à ses débuts puis écrivain, scénariste et auteur de romans policiers se déroulant dans le milieu, sa trilogie consacré à Max le menteur a été adaptée à l’écran : Touchez pas au grisbi (1953) porté à l’écran par Jacques Becker en 1954, Le cave se rebiffe, porté à l’écran par Gilles Grangier (1961) et Grisbi or not Grisbi devenu Les Tontons flingueurs et porté à l’écran par Georges Lautner (1963). Il publie ensuite Du Mouron pour les petits oiseaux (1960) et la trilogie du Hotu (1968-1971).

Dans son essai, Lettre ouverte aux voyous qui débute de la sorte :  » Vieille frappe, Je t’écris du monde des caves, univers mal connu dans le mitan, et ce que je serais en mesure de te révéler sur les manières ou la gamberge des gens qui y vivent, t’apparaîtrait stupéfiant. Mais là n’est pas mon propos, et j’aurai l’occasion d’y revenir. Il s’agit davantage urgent, de t’engager à te la donner sévère, enfin, tel qu’on le dit ici, de formuler une mise en garde… » Simonin détricote dans une langue argotique savoureuse le mythe des voyous et c’est un régal de lecture.

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lacassagne 1LACASSAGNE (Docteur Jean). Argot du milieu. Préface de Francis Carco. Paris, Albin Michel 1928. Un volume in-12 (19 cm x 12 cm), XXI-293 pp.

Couverture illustrée par Dignimont.

Edition originale.

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Vendu.

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simonin 1SIMONIN (Albert). Lettre ouverte aux voyous. Paris, Albin Michel, 1966. Un volume in-12 (19 cm x 12 cm), 163 pp.

Un envoi de l’auteur.

Exemplaire de service de presse.

Broché. Joint la page volante publicitaire sur l’ouvrage.

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  1. J’ai eu le plaisir de feuilleter ce livre à plusieurs reprises à la bibliothèque et je le trouve passionnant, comme les autres publications de Kalifa d’ailleurs. La sélection iconographique est réussie… Un vrai plaisir !

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